Réduction de vitesse : jusqu’où irons-nous ? (copie)

Portrait de Victor Hugo Espinosa

Réduction de vitesse : jusqu’où irons-nous ?

Le gouvernement pourrait répondre favorablement à la demande de la mairie de Paris de réduire la vitesse de 80 à 70 km/h[1] sur le périphérique parisien[2]. Mais jusqu’où irons-nous dans la réduction de la vitesse ? Dans le Sud, la préfecture de la région PACA a déjà mis en place en juillet, sur certaines sections d’autoroutes des Bouches-du-Rhône, une mesure de réduction de la vitesse maximale autorisée (90 km/h au lieu de 110 km/h )[3].

Bien que la réduction de la vitesse soit en apparence une bonne chose pour une diminution du bruit et du nombre d’accidents graves sur les routes, voire même réduire localement la pollution, les spécialistes du trafic savent bien que si elle conduit à une augmentation de la fluidité, elle est potentiellement génératrice de trafic supplémentaire. Le trafic a horreur du vide ! Il faut bien évidemment réduire les embouteillages, ,qui génèrent  stress et augmente la pollution de l’air des grandes villes! Un véhicule peut consommer 2 à 4 fois plus de carburant lorsqu’il se trouve dans les embouteillages, et il peut polluer jusqu'à 10 fois plus qu’un véhicule circulant normalement (selon le régime et les polluants : PM10, PM2.5, NO2, Ozone, Benzène). Mais, l’urgence est de réduire le nombre de voitures par des offres alternatives crédibles et cette mesure pourrait être contreproductive à terme, sans une politique de déplacement claire et lisible de tous

D’après une étude réalisée par Air PACA, seule structure agréé par le Ministère de l’environnement pour la surveillance de la qualité de l’air en région PACA,: les mesures appliquées jusqu'à maintenant concernant la limitation de la vitesse ont des effets globalement faibles, voire négligeables, pour réduire la pollution de l’air. http://www.atmopaca.org/files/et/101025_AtmoPACA_Impact_reduction_vitesse_ozone.pdf

M’étant battu, en tant que président d’Ecoforum[4], depuis près de 20 ans pour une meilleure qualité de l’air en France, je ne peux rester insensible devant ces mesures qui me semblent pas urgentes et qui nous empêchent de nous attaquer aux vraies causes de la pollution de l’air et des embouteillages. (1)

Sur nos grands axes routiers et autoroutes, surtout ceux et celles qui traversent les grandes villes ou qui en sont proches, les limitations de vitesse réduisent faiblement la pollution à quelques dizaines de mètres des axes mais n’ont pas de réel impact pour réduire la pollution de fond dans la ville. Ces limitations de vitesse s’avèrent donc inefficaces. Il est nécessaire de les accompagner d'autres mesures complémentaires comme la réduction du trafic, la réduction du nombre de poids lourds et le renouvellement du parc automobile…

Des bandes routières réservées aux transports collectifs et au covoiturage seraient par exemple de nature à privilégier ces modes au détriment du véhicule particulier. Cette disposition permettrait de garantir des temps de transport et donnerait du sens au report modal souhaité par tous. Cette disposition a par ailleurs une dimension sociale non négligeable, car la dépendance à la voiture particulière coûte cher aujourd’hui et les coûts de cessent de progresser.

Dans nos villes : passons des « embouteillages » à une « circulation fluide »

Dans les grandes villes,  les embouteillages créent une augmentation considérable de la pollution de l’air[5]. Sans compter le stress et les pertes économiques considérables.

A l’intérieur de nos villes, le problème à résoudre est de réduire le nombre de kilomètres d’embouteillages et de faire circuler la voiture, qui est bien souvent à l’arrêt, donc d’augmenter la vitesse pour assurer une fluidité. Les bonnes solutions sont connues : réduire le nombre de voitures en développant les transports en commun (de préférence des transports en commun propres pour limiter la pollution de l’air) et en leur donnant une fréquence de passage et une vitesse commerciale attractive pour inciter le particulier à laisser leur voiture et réduire ainsi le trafic. La pression foncière et les taxes d’habitation invitent les politiques à « donner de permis de construire » sans tenir compte que les voies sont les mêmes et que les transports collectifs sont bien souvent pas à la hauteur de la demande ![6]

L’incivisme et le non-respect de règles comme garer sa voiture en double-file par exemple bloque la fluidité et crée des bouchons insupportables. Les experts de la circulation prévoient, en théorie le passage d’un certain nombre de voiture pour garantir une certaine fluidité mais il suffit que quelques voitures  se garent en double file pour faire passer le trafic de deux voix a une voix de circulation. Alors des mesures pour faire respecter la loi existent !

Vers une régulation dynamique de la vitesse

Les experts connaissent bien la difficulté d’anticiper et de gérer les embouteillages. Une solution qui a fait ces preuves est la mise en place d’un dispositif de régulation dynamique de la vitesse !Sur le terrain, les consignes de réduction de vitesses sont affichées sur les panneaux à messages variables placés en haut des routes et également affichée sur les panneaux lumineux de signalisation placés en bord de chaussée Il faut un recueil des données de trafic en temps réel sur l’ensemble du réseau. Le traitement de données permettra d’anticiper l’apparition de régimes de déstabilisation du trafic sur certaines zones. Selon le degré de la congestion ou de la fluidité, la meilleur solution à l’ pourrait être 110, 90, 70 et si besoin, 50 km/h. L’important est d’obtenir la meilleure fluidité en fonctions de la quantité de voitures !

Prime à la casse : une bonne mesure nécessaire!

Les chiffres sont claires, les vieux voitures fabriqué entre 1985 et 1996 sont très polluant par rapport à une voiture fabrique aujourd’hui. Ils sont responsables de la pollution de l’air entre 10 à 20% selon le polluant analysé et leur ancienneté. Alors une bonne mesure pour réduire la pollution atmosphérique serait que le gouvernement change de position et décident de mettent en place une nouvelle prime à la casse pour l’achat de un véhicule neuf. Avec cette mesure nous réduirons efficacement la pollution de l’air !

Concernant la vitesse, l’important est de trouver un équilibre « intelligeant » entre sécurité et pollution pour aller vers un « trafic fluide » qui permettra « réduire la pollution de l’air » tout en respectant la règlementation actuelle

Je me demande si en partie les limitations de vitesse ne sont pas là pour rendre moins visible l’échec des politiques à mettre en place de réelles mesures efficaces pour traiter le problème des transports. Elles leur permettent peut-être de se dégager de leur responsabilité en reportant la faute sur les citoyens.

Victor Hugo ESPINOSA - 06 73 03 98 84

Président d’Ecoforum - Ingénieur en Risque

(*) Selon l'étude "l'Attitude des Français face au Trafic" menée par V-Trafic (Mediamobile), « 44% des automobilistes disent perdre quotidiennement entre 15 min et 1h dans les bouchons ». A titre indicatif,  « le samedi 4 Août 2012 est à marquer d’une pierre blanche comme la journée la plus chargée sur les routes françaises. 1309 km de bouchons cumulés ont été recensés à 11h54 par les experts V-Trafic, sur les 60 000 km d’autoroutes et de voies rapides du réseau routier. Si le Sud-Est ne déroge pas à la règle avec près de 636 km de bouchons et de ralentissements à cette heure-là, les autres régions ne sont pas en reste comme le Sud-Ouest avec ses 328 km ou encore le Nord-Ouest avec 295 km. »

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